vendredi 16 décembre 2011

Version et perversion du romantisme (I) Hourreur réelle, hourreur fictive


Il m'arrive parfois l'envie de me demander quelle est la base de l'art -car dû au fait de l'impossibilité d'une réponse, je ne me demande plus ce que l'art est. 

   Choc. Catharsis. Voyeurisme. Imagination. Créativité. Horreur. Sensationnalisme. Pensée. Menace. Critique.

Ou peut-être une horreur créative, dont la contemplation, sur une clef voyeuriste, ouvre un chemin d'introspection morbide, et dont le choc est réduit car la menace provoquée par l'horreur est feinte. Imaginée. Pensée. Si le Romantisme était basé sur cette sensation de réalité qui s'approfondit dans la sensibilité du spectateur, peut-être que quelques tendances d'art actuel veulent récupérer cette idée. 

Version et perversion.

La contemplation d'une situation atroce peut être suivie d’une réponse esthétique. Après la peur initiale, une peur qui a sa raison dans la menace que l'horreur pourrait infliger à notre intégrité ou notre survie, ce qui cause la terreur cause, à la fois, une attraction irrationnelle. Une réponse à laquelle Burke tolérerait en appeler sublime. Mais on ferait bien de se souvenir que l'origine de la situation est réelle. En clef romantique, cette sensation appliquée dans l'art serait sentie. Si on essaie de l'appliquer à l'actualité, cette sensation est feinte, car l'horreur est médiatisée.

Le receveur romantique éprouve. Le receveur actuel, saturé d'une horreur médiatisée, éprouve la réalité comme une fiction, car il n'y a pas une proximité émotionnelle. Mais, et si c'était précisément le déplacement artistique d'une situation atroce celle qui inverserait les limites émotionnelles du spectateur? Un spectateur qui a ses capacités émotionnelles bouleversées, qui éprouve plus proche la fiction que la réalité ; qui éprouve une horreur fictive plus forte qu'il n'éprouverait une horreur réelle. Ou un spectateur qui se sent éthiquement plus libre pour sentir l'horreur et morbidité dans la fiction.